19 €
Fensch
de Claire Jolin (photos) et Hervé Scialdo (textes)
19 €
La fiction photographique d’une quarantaine de pages de Claire Jolin et le cadavre exquis que forment les poèmes d’Hervé Scialdo tissent des liens entre leurs deux univers. Les images et les mots s’entremêlent.
Avec la collection PhotosMots, nous souhaitons toucher un lectorat plus large que celui des initiés et leur donner goût à la lecture de la photographie contemporaine. Nous rapprochons deux formes narratives parce que nous pensons que le sens d’une série photographique se déploie comme celui d’un roman : par ellipse et avec lenteur. Ce mot lenteur est important, car on oublie souvent que pour comprendre il faut ralentir et prendre son temps.
Claire Jolin, photographe
« Enfant, je pensais que le monde n’existait pas, que je l’inventais au fur et à mesure. Dans la toute petite enfance, les pensées-images, réelles, imaginaires et rêvées, ne font qu’un. De cet âge, je garde un souvenir influent et contrasté, mêlé de danger, peur, vide mais surtout de joie à l’état brut, d’énergie incommensurable…
Et puis, peu à peu, les images des adultes ont pris de plus en plus de place jusqu’à recouvrir les miennes. Ce passage vers l’âge de raison est une perte : aujourd’hui, l’accès conscient aux pensées-images originelles m’échappe définitivement. J’y gagne un monde stable à peu près cohérent sur lequel construire l’expérience de mon identité, des autres et du monde.
Adulte, que reste-t-il de ces images sans langage et quelles influences ont-elles ?
J’ai décidé d’explorer cette idée juste à côté de chez moi, dans un haut lieu sidérurgique de Lorraine : la vallée de la Fensch. J’ai choisi cet endroit parce qu’il est chargé d’images emblématiques de notre mémoire collective : les villes-usines qui crachent et qui toussent, une époque qui ne fait plus rêver depuis longtemps et puis aussi son surnom, la vallée des anges, un pays “où le nom des patelins s’termine par… ange” comme le chante Lavilliers. Pourtant, les gens que j’ai rencontrés là-bas recouvrent pudiquement la réalité – la vallée, ses bruits, l’épaisseur de l’air et l’omniprésence des usines – par des souvenirs tendres d’une époque révolue.
J’ai voulu que la fiction photographique qui en résulte nous laisse glisser dans un univers intermédiaire, multicouche, à mi-chemin entre le réel et les profondeurs telluriques et liquides des souvenirs. Elle parle des contrepoids que nous créons pour passer d’un temps béni… à la réalité. Et nous préparer ainsi à affronter le monde. »
Son travail a été remarqué, publié ou exposé par :
- Biennale de l’image Tangible, Paris, 2018
- Dissidence, expo collective, Metz, 2019, 2018 et 2017
- Prix Photœil, Cerbère-Portbou, 2016
- Book Machine Paris Photo, 2015
- Sous les racines, expo en duo, Saarlouis (D), 2015
- Biennale Internationale de l’Image de Nancy, 2014
- Traces, expo collective, Trèves, 2013
Son site : www.clairejolin.com
La joindre : claire@orangeclaire.com
Hervé Scialdo, écrivain
« En tant qu’auteur-designer, créer, c’est pour moi l’envie d’investir une place, qu’elle soit scripturale ou digitale. Cette place, je la fais entre les mots, entre les vies, entre les interactions du quotidien, entre les saisons, entre les notes de musique. Tout est prétexte à écrire — rapidement — comme une respiration haletante, pour la figer ensuite dans les fibres du papier ou la transcrire dans une avalanche de 0 et de 1.
On dit que notre corps est fait de 65 % d’eau. J’aime à penser que le mien est fait d’encre noire. Celle qui nourrit les caractères, les glyphes, celle qui remplit les couleurs, nacre les odeurs, révèle les architectures naissantes ou assombrit les vieillissantes.
Je me souviens très bien de la première fois où j’ai écrit. C’était dans la nuit. La nuit où rien ne ment. Mise au noir. Comme la photographie de Claire. »
Le joindre : herve.scialdo@yahoo.fr
Son site : www.hervescialdo.fr
Réseau : www.facebook.com/h.scialdo